Escapade en Terre d'Argence dans le sud de la France : à faire et à voir…

Selon l'étymologie, le nom de Beaucaire - Bellicardium en latin - signifie « beau carré de pierre ». L'architecture de Beaucaire se distingue en effet par sa pierre blonde caractéristique.

Aux heures glorieuses de son ouverture vers le monde, Beaucaire accueillait par voie fluviale chaque année pour sa Foire de la Madeleine, exemptée de taxes et d'impôts, des marchands venus de toute l'Europe, des pays du pourtour méditerranéen et des confins la Chine. On disait alors qu'il ne manquait plus à la foire de Beaucaire que des habitants venus de la lune.

Cette ville de commerce est située au point de départ d’un réseau de canaux - ils portaient le nom de "roubines royales" - creusé au 18e siècle pour assécher les marais dans cette région voisine de la Camargue. Une voie navigable de désenclavement vers la Méditerranée, longue de 230 km - aujourd'hui le Canal du Rhône - a ainsi été aménagée.
 

Le commerce des toiles de Flandres, de la joaillerie helvète, des soieries asiatiques… était alors florissant. Durant les années fastes, les dix jours de foire pouvaient rapporter à la ville l'équivalent d’une année d’activité du port de Marseille.

Le remarquable patrimoine architectural de la cité fluviale de Beaucaire, située presqu’à égale distance d'Arles et d'Avignon, remonte à ces temps de formidable prospérité que la ville a connu du 17e jusqu'au début du 20e siècle. La concurrence du chemin de fer a fini par mettre un terme à l'essor économique de Beaucaire.

Aujourd'hui, depuis son port de plaisance, au cœur de la ville, on peut rejoindre par bateau Aigues-Mortes et Sète au bord de la Méditerranée en empruntant le Canal du Rhône puis de là, prendre la tangente vers l’Atlantique par le Canal du midi.
 
Si Beaucaire a connu une certaine déroute et, plombée par un fort taux de chômage, s’est tournée en 2014 vers une politique de l’extrême qui a pu ternir son image, la ville ne manque pas d’atouts pour séduire encore les visiteurs de passage. Avec ses merveilles architecturales et la beauté de la nature environnante, cet ex-joyau de la Terre d'Argence a conservé un certain pouvoir d'attraction.

Partout dans la ville de Beaucaire et dans ses environs, l'éclat du soleil se reflète sur la pierre blonde appelée tuffeau. La lumière irradie sur la façade de l’église baroque Notre-Dame des Pommiers bâtie par l’architecte officiel d’Avignon, Jean-Baptiste Franque, et sur les  pierres sculptées des beaux hôtels particuliers alignés le long de la rue de la République, où résidaient dans les temps anciens les riches commerçants de la ville.

L’Hôtel des Clausonnettes, édifié au 18e siècle était l'ancien lieu de rencontre des érudits de la ville. Classé monument historique, il a été racheté par l’office des HLM et rénové en 1986. Depuis sa cour d’honneur, on peut voir une haute et fine tour, dite "chinoiserie". Cette frêle construction s'admire aussi en visitant le parc et les jardins bordant les vestiges de l'ancienne forteresse médiévale.
 

Sur la jolie place de la République de Beaucaire, avec son ancien puits, ses bâtisses à arcades, ses platanes centenaires et ses terrasses de café, se profile la silhouette d’un dragon figé dans l’acier. C’est le « Drac », un monstre qui, selon la légende, dévorait les lavandières de la région.

Au coin de la place, vous pourrez vous régaler des savoureuses préparations culinaires du restaurant L’épicerie. Cécile, l'ancienne propriétaire, anime depuis des années une association qui s’investit dans l’animation du centre ville : décoration des vitrines, festivités, spectacles, marché de Noël... Cette citoyenne énergique dit que "Beaucaire est une ville d’histoire et de tous les possibles". Qu’il y a de la place pour tous et pour ceux, de tous âges, qui veulent créer quelque chose, avec courage.
 

« Le bonheur est dans l’assiette » est une autre de ses phrases fétiches. Cette ancienne restauratrice nous a confié une de ses recettes, simple et délicieuse, la Crème aux champignons, à servir en amuse bouche dans une petite verrine.
 
Sur les hauteurs de la ville, c'est dans un gigantesque massif de roche calcaire qu'un monastère moyenâgeux, la remarquable Abbaye troglodyte de Saint-Roman, a été creusé.

Plus de quarante hectares de Beaucaire sont classés ou inscrits au répertoire des monuments historiques. La ville offre donc bien des merveilles à découvrir.

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