Rencontre avec des passionnés de la vallée de la Bruche en Alsace

Perrine Krencker-Hilberer aurait peut-être pu se retrouver à la tête d'un cheptel de brebis, mais c'est à la direction d'une dynamique entreprise de fabrication de confitures dans la vallée de la Bruche qu’avec sa famille et son mari Frédéric, elle s'épanouit aujourd'hui et développe quantité de savoureux produits gourmands.

Le fait est que le père de Perrine, Fabrice Krencker, ancien hippie, comme il aime l'évoquer, a préféré, aux aléas de l'élevage, se lancer dans la confiture. Il avoue avoir été le sujet de moqueries de ses congénères quand, confronté aux difficultés de la vie aux champs, il se défaussait en affirmant "Si ça ne marche pas, je ferai des confitures."
 

Et le temps des confitures est venu. Et Fabrice Krencker s'est lancé, à la fois de manière empirique - il n'y a jamais eu de diplôme de confiturier - mais aussi scientifique. Et le succès cette fois était au rendez-vous.

Pour cela, il lui a fallu expérimenter, mettre au point les formules, un peu comme un alchimiste. Dans les années 70, les livres de recettes de confitures livraient pour toute indication "cuire jusqu'à obtention de la bonne consistance". Encore fallait-il déterminer précisément le temps de cuisson et les quantités d'ingrédients selon les recettes et les fruits utilisés.

Car, le saviez-vous ? La confiture, c'est mathématique. Pour qu'elle se conserve presque indéfiniment, le nombre clé est : 65. C'est, en pourcentage, la quantité minimale de sucre à respecter dans la composition (sucre des fruits après évaporation et autres sucres ajoutés). L'instrument magique du métier de confiturier est le réfractomètre qui calcule en cours de cuisson le taux de matière sèche soluble dans l'eau, et par conséquent le taux de sucre.

Dans l'ancienne école du village de Ranrupt sur le versant sud de la Vallée de la Bruche où la petite entreprise artisanale est installée, Perrine Krencker-Hilberer a grandi au milieu des chaudrons ou mijotaient fruits et sucre mélangés.

Elle a bien pensé, après ses études, se consacrer au journalisme mais l'odeur sirupeuse et addictive des confitures l'a rattrapée et ramenée vers les fourneaux des Confitures du Climont où elle a pris, avec son mari, la succession de son père en 2016.

L'élaboration des recettes de confitures et gelées est collégiale. Des recettes anciennes ont été remises au goût du jour comme la confiture Cameline (pommes, figues, orange, amandes, gingembre, vinaigre et épices) inspirée d'une sauce médiévale qui peut accompagner fromages, poissons et desserts.

Aujourd'hui, la boutique attenante aux salles de préparation des Confitures du Climont ne désemplit pas. Elle fourmille de visiteurs attirés par l'impressionnante variété de confitures et de gelées, classiques ou plus originales : carotte au Marc de Gewürz, quetsche aux noix, confit de fleurs de pissenlit… ainsi que les sirops et autres spécialités proposés à la vente et à la dégustation.
 

Dans un Muséobus aménagé, stationné sur un terre-plein devant l'établissement, 5 siècles d'histoire de la confiture sont contés, avec le matériel, les instruments et les contenants de tous âges consciencieusement collectionnés au fil des ans par la famille. On y découvre que le premier recueil évoquant la confiture est signé Nostradamus et remonte à 1556.

Sous de tels auspices, Perrine Krencker-Hilberer a de quoi se passionner encore longtemps pour les Confitures du Climont. Avec la simplicité souriante qui la caractérise, elle aime rappeler que "la confiture, ce n'est que du fruit et du sucre. Avec seulement deux ingrédients, on ne peut pas avoir la grosse tête."

En 2018, Perrine, son mari et l'équipe des Confitures du Climont se sont vus décerner par La Chambre de commerce et d'industrie Alsace Eurométropole un trophée Diamant, après avoir remporté trois années de suite un trophée Or. Ces prix récompensent la qualité de l'accueil dans l'échoppe animée des Confitures du Climont, dans l'e-shop (voir nos informations pratiques) et sur les marchés où Fabrice Krencker, le père de Perrine s'était lancé en 1985, avec une vieille fourgonnette et sa remorque en forme de pot de confiture.
 

>>> Et au milieu coule la Bruche

>>> Dans le chaudron des Confitures du Climont
>>> Bluets & Brimbelles et pâtisseries de la Haute Bruche