Depuis les hautes fenêtres, au 2e étage du bel immeuble haussmannien dans lequel les bureaux des éditions Marie-Romaine sont installés, la vue est plongeante sur les Jardins du Luxembourg. La famille de Marie Romaine Panié habite à cet endroit depuis trois générations. À Paris, le quartier latin sur la rive gauche, est connu de tout le monde littéraire. Les librairies y pullulent, et c'est non loin de là, en bord de Seine, que siègent les immortels de l'Académie française.
Donner du sens à sa vie
Marie-Romaine Panié a toujours vécu au milieu des livres. Ils envahissaient les pièces de l'appartement familial et pas un repas ne se déroulait sans que l'un ou l'autre n'aille se saisir d'un livre, ou d'une encyclopédie, pour y rechercher un mot ou une citation. L'idée de fonder sa propre maison d'édition a commencé à germer dans son esprit il y a très longtemps, mais d'autres activités professionnelles, et des plus éclectiques, l'ont tenue éloignée de ce projet. Elle a été avocate pénaliste, a dirigé un groupe de protection sociale paritaire, est devenue médiatrice pour les détenus après avoir animé une chorale à la prison de la Santé. Marie-Romaine Panié a toujours tenu à donner du sens à sa vie.
Une autre de ses expériences, riche de ces contacts humains qui la passionnent, a été de mettre en avant les artistes, chanteurs, auteurs et compositeurs lorsqu'elle a repris et dirigé de 2003 à 2007 une salle d'art et d'essai, le Théâtre de l'Essaïon, installé dans des caves du XIVe siècle dans le Marais à Paris. Près de vingt ans plus tard, l'occasion d'en faire autant pour les écrivain(e)s s'est présentée lorsqu'un ami auteur a cherché à se faire publier. Marie Romaine Panié s'est dit : "qu'à cela ne tienne, j'ai toujours voulu avoir une maison d'édition, c'est le moment d'en créer une". Et fin 2022, les Éditions Marie-Romaine étaient nées.
Une autre de ses expériences, riche de ces contacts humains qui la passionnent, a été de mettre en avant les artistes, chanteurs, auteurs et compositeurs lorsqu'elle a repris et dirigé de 2003 à 2007 une salle d'art et d'essai, le Théâtre de l'Essaïon, installé dans des caves du XIVe siècle dans le Marais à Paris. Près de vingt ans plus tard, l'occasion d'en faire autant pour les écrivain(e)s s'est présentée lorsqu'un ami auteur a cherché à se faire publier. Marie Romaine Panié s'est dit : "qu'à cela ne tienne, j'ai toujours voulu avoir une maison d'édition, c'est le moment d'en créer une". Et fin 2022, les Éditions Marie-Romaine étaient nées.
Le bonheur de dire "oui"
La lecture fait désormais partie intégrante de son emploi du temps. Ce qu'elle aime dans la littérature, "c'est cette manière de sublimer des choses de notre vie toute à fait ordinaire mais que le style permet de transcender pour que ça devienne quelque chose qui nous élève. La vie c'est un peu linéaire, de la naissance à la mort, c'est une grande ligne droite. On est toujours à la recherche de la 3ème dimension, celle qui permet de nous élever."
Le déclic qui l'amène à publier un ouvrage, Marie-Romaine Panié lui attribue une grande part de mystère : "Je suis quelqu'un qui doute énormément. Je n'ai pas de certitude. Si j'hésite trop, c'est un peu mon critère. Pour les livres que je publie, je marche au coup de cœur en fait. Mais il m'est arrivé d'être passionnée par un livre dont je trouvais l'histoire formidable avant de me rendre compte que l'écriture n'était pas terrible, très répétitive, très scolaire, très ampoulée. Comme l'histoire était très prenante je ne m'en étais pas rendu compte à la première lecture, mais en fait ça m'a beaucoup gênée, alors je ne l'ai pas publié."
Ce que Marie-Romaine Panié trouve de plus excitant dans le métier d'éditrice c'est d'avoir le coup de foudre pour un manuscrit qu'un(e) auteur(e) lui a envoyé en espérant être publié(e). "Moi je trouve que la vie ne vaut que par les émotions, et plutôt les émotions heureuses dans la mesure du possible. Un grand bonheur, c'est quand vous dites à un auteur que vous allez publier son livre, ça c'est merveilleux. En revanche dire que vous ne donnez pas suite bien sûr, ce n'est pas marrant, mais je publie peu de livres et je suis obligée de faire des choix drastiques. Ça ne veut pas dire que le livre n'est pas bon." Elle compte publier une douzaine de livres par an et elle sait, comme tout éditeur et toute éditrice, qu'elle doit aussi publier des livres qui vont très bien se vendre, des livres "grand public". "Mon diffuseur me dit que ce que je fais est un peu élitiste. Je ne suis pas vraiment de cet avis mais je peux comprendre."
Le déclic qui l'amène à publier un ouvrage, Marie-Romaine Panié lui attribue une grande part de mystère : "Je suis quelqu'un qui doute énormément. Je n'ai pas de certitude. Si j'hésite trop, c'est un peu mon critère. Pour les livres que je publie, je marche au coup de cœur en fait. Mais il m'est arrivé d'être passionnée par un livre dont je trouvais l'histoire formidable avant de me rendre compte que l'écriture n'était pas terrible, très répétitive, très scolaire, très ampoulée. Comme l'histoire était très prenante je ne m'en étais pas rendu compte à la première lecture, mais en fait ça m'a beaucoup gênée, alors je ne l'ai pas publié."
Ce que Marie-Romaine Panié trouve de plus excitant dans le métier d'éditrice c'est d'avoir le coup de foudre pour un manuscrit qu'un(e) auteur(e) lui a envoyé en espérant être publié(e). "Moi je trouve que la vie ne vaut que par les émotions, et plutôt les émotions heureuses dans la mesure du possible. Un grand bonheur, c'est quand vous dites à un auteur que vous allez publier son livre, ça c'est merveilleux. En revanche dire que vous ne donnez pas suite bien sûr, ce n'est pas marrant, mais je publie peu de livres et je suis obligée de faire des choix drastiques. Ça ne veut pas dire que le livre n'est pas bon." Elle compte publier une douzaine de livres par an et elle sait, comme tout éditeur et toute éditrice, qu'elle doit aussi publier des livres qui vont très bien se vendre, des livres "grand public". "Mon diffuseur me dit que ce que je fais est un peu élitiste. Je ne suis pas vraiment de cet avis mais je peux comprendre."
Un métier très organisé
Outre le design très réussi de ses couvertures sur lequel elle a beaucoup travaillé, Marie-Romaine Panié essaie "de faire tout comme une grande." Elle travaille avec deux attachées de presse, une personne qui va présenter les livres dans les librairies parisiennes, une community manager qui s'occupe des réseaux sociaux, et elle compte sur l'aide d'influenceurs et d'influenceuses qui demandent à recevoir les ouvrages pour les défendre auprès de leurs followers.
Il y a aussi le calendrier des sorties de livres qu'il faut respecter. C'est souvent six mois à l'avance que les commerciaux du diffuseur font le tour des librairies avec leur catalogue qui peut compter une centaine d'éditeurs et à peu près autant de livres. Marie-Romaine Panié les rencontre tous les trimestres pour leur présenter ses nouvelles parutions et leur donner des arguments pour qu'ils soutiennent les livres qu'elle publie. Elle prévoit leur sortie en édition numérique pour plus de visibilité, mais elle le reconnaît : "Quand on me demande d'expliquer le métier d'éditrice, on me dit : "c'est passionnant, comment tu fais ça ?" Je réponds que tout est facile jusqu'au moment où il s'agit de vendre. Oui, il faut que les ouvrages que je publie se vendent et parfois ça me réveille la nuit et je me demande ce que je peux encore développer comme idée pour mieux y arriver."
Il y a aussi le calendrier des sorties de livres qu'il faut respecter. C'est souvent six mois à l'avance que les commerciaux du diffuseur font le tour des librairies avec leur catalogue qui peut compter une centaine d'éditeurs et à peu près autant de livres. Marie-Romaine Panié les rencontre tous les trimestres pour leur présenter ses nouvelles parutions et leur donner des arguments pour qu'ils soutiennent les livres qu'elle publie. Elle prévoit leur sortie en édition numérique pour plus de visibilité, mais elle le reconnaît : "Quand on me demande d'expliquer le métier d'éditrice, on me dit : "c'est passionnant, comment tu fais ça ?" Je réponds que tout est facile jusqu'au moment où il s'agit de vendre. Oui, il faut que les ouvrages que je publie se vendent et parfois ça me réveille la nuit et je me demande ce que je peux encore développer comme idée pour mieux y arriver."
La nécessité de toucher le public
Elle a beau avoir cassé sa tirelire pour monter cette maison d'édition, comme elle le raconte, les moyens financiers sans retour sur investissement ont leurs limites. Alors parfois Marie-Romaine Panié essaie de faire des coups, comme celui de contacter une personnalité politique très présente dans l'actualité pour lui proposer de faire écrire sa biographie et de la publier. Elle n'a pas reçu de réponse.
Marie-Romaine Panié fait aussi des salons littéraires. Elle sait combien c'est important de se faire connaître des libraires mais ce n'est pas évident. "J'aimerais bien leur montrer ce que je publie, et notre dynamisme en tant que maison d'édition, mais c'est un peu comme une forteresse assiégée." Pour les signatures, les libraires reçoivent surtout des auteurs connus. Alors Marie-Romaine Panié organise elle-même ses soirées littéraires dans ses bureaux, avec deux ou trois auteur(e)s qui lisent des extraits de leur ouvrage et le dédicacent. Il arrive qu'elle reçoive jusqu'à quatre-vingts personnes, en toute convivialité, et ça fait marcher le bouche à oreille.
Elle pense aussi présenter certains livres des Éditions Marie-Romaine aux prix littéraires. Mais il y en a près de deux mille. Il faut que les livres présentés correspondent aux critères de sélection de chacun des prix et là encore, c'est très aléatoire, du fait du nombre de livres qui leurs sont envoyés. Marie-Romaine est lucide : "C'est aussi une question de réseau, il vaut mieux avoir des connaissances parmi les membres du jury et savoir se faire remarquer."
Marie-Romaine Panié fait aussi des salons littéraires. Elle sait combien c'est important de se faire connaître des libraires mais ce n'est pas évident. "J'aimerais bien leur montrer ce que je publie, et notre dynamisme en tant que maison d'édition, mais c'est un peu comme une forteresse assiégée." Pour les signatures, les libraires reçoivent surtout des auteurs connus. Alors Marie-Romaine Panié organise elle-même ses soirées littéraires dans ses bureaux, avec deux ou trois auteur(e)s qui lisent des extraits de leur ouvrage et le dédicacent. Il arrive qu'elle reçoive jusqu'à quatre-vingts personnes, en toute convivialité, et ça fait marcher le bouche à oreille.
Elle pense aussi présenter certains livres des Éditions Marie-Romaine aux prix littéraires. Mais il y en a près de deux mille. Il faut que les livres présentés correspondent aux critères de sélection de chacun des prix et là encore, c'est très aléatoire, du fait du nombre de livres qui leurs sont envoyés. Marie-Romaine est lucide : "C'est aussi une question de réseau, il vaut mieux avoir des connaissances parmi les membres du jury et savoir se faire remarquer."
Le défi du Petit Poucet
Pour développer les activités des Éditions Marie-Romaine, qui comptent déjà trois collections : la littérature, les essais et la spiritualité, Marie-Romaine Panié déborde encore de projets. "J'ai sous le coude un projet de réédition d'anciens livres de voyage. Quand j'ai l'occasion de partir en voyage, j'aime beaucoup partir avec de la littérature plutôt qu'avec des guides parce que je trouve que la littérature vous emmène dans le pays, vous raconte les mœurs etc., c'est une autre manière de voyager. Mais j'ai un projet par jour en général donc ce n'est pas encore tout à fait d'actualité."
L'actualité de l'édition, Marie-Romaine Panié la suit bien sûr, et elle sait que ce qui marche très bien aujourd'hui, ce sont les romans à l'eau de rose, la new romance, des histoires d'amour, parfois inabouties, pimentées de soft sex, comme l'a inauguré l'immense succès de Cinquante Nuances de Grey de E. L. James. De la romance, elle en a publié, mais avec une exigence de style qui la rend peut-être moins facile à lire. Elle va aussi présenter ces livres sur Tiktok pour toucher un public plus jeune.
Et la fondatrice des Éditions Marie-Romaine de résumer ainsi la situation : "Il faut vraiment faire feu de tout bois dans ce métier. Je suis comme le Petit Poucet, j'essaie de semer mes petits cailloux pour attirer absolument l'attention du public."
https://www.editionsmarieromaine.fr
L'actualité de l'édition, Marie-Romaine Panié la suit bien sûr, et elle sait que ce qui marche très bien aujourd'hui, ce sont les romans à l'eau de rose, la new romance, des histoires d'amour, parfois inabouties, pimentées de soft sex, comme l'a inauguré l'immense succès de Cinquante Nuances de Grey de E. L. James. De la romance, elle en a publié, mais avec une exigence de style qui la rend peut-être moins facile à lire. Elle va aussi présenter ces livres sur Tiktok pour toucher un public plus jeune.
Et la fondatrice des Éditions Marie-Romaine de résumer ainsi la situation : "Il faut vraiment faire feu de tout bois dans ce métier. Je suis comme le Petit Poucet, j'essaie de semer mes petits cailloux pour attirer absolument l'attention du public."
https://www.editionsmarieromaine.fr
Le 27 février 2024.