Quand "La Bohème" se chante
Dans Notre-Dame de Paris. 1482 le roman de Victor Hugo (1802-1885) publié en 1831, le principal personnage féminin, Esmeralda, est une danseuse bohémienne vivant au milieu des truands.
La peinture continue de relayer cette image de gitane dansante comme dans le tableau de Jean-Baptiste Camille Corot (1796-1875) Zingara au tambour de basque (vers 1865).
Peintres réalistes comme Gustave Courbet (1819-1877), caricaturistes comme Honoré Daumier (1808-1879) ou membres de l’école impressionniste comme Édouard Manet (1832-1883) et Auguste Renoir (1841-1919), ils ont été nombreux à peindre des portraits de gitans, de montreurs d’ours ou de bohémiennes.
Mais la représentation de la bohème va bientôt évoluer.
Photo : Bohèmes : Exposition au Grand Palais (Beaux-Arts Magazine Editions).
Une des raisons de ce changement est l’immense succès de Scènes de la vie de bohème, feuilleton autobiographique de Henry Murger (1822-1861) paru dans la presse, adapté pour le théâtre par l’auteur en 1849, avant la sortie d’une compilation des textes en 1851. La Bohème (1896), l’opéra de Giacomo Puccini en est inspiré.
Dans ces écrits, la vraie bohème devient le monde des artistes, pauvres mais ambitieux, vivant ainsi volontairement mais de façon transitoire. C’est une vision poétique d’une situation parfois proche du désespoir. Cette bohème a une fin, idéalement dans la réussite, quelquefois dans la mort.
La peinture continue de relayer cette image de gitane dansante comme dans le tableau de Jean-Baptiste Camille Corot (1796-1875) Zingara au tambour de basque (vers 1865).
Peintres réalistes comme Gustave Courbet (1819-1877), caricaturistes comme Honoré Daumier (1808-1879) ou membres de l’école impressionniste comme Édouard Manet (1832-1883) et Auguste Renoir (1841-1919), ils ont été nombreux à peindre des portraits de gitans, de montreurs d’ours ou de bohémiennes.
Mais la représentation de la bohème va bientôt évoluer.
Photo : Bohèmes : Exposition au Grand Palais (Beaux-Arts Magazine Editions).
Une des raisons de ce changement est l’immense succès de Scènes de la vie de bohème, feuilleton autobiographique de Henry Murger (1822-1861) paru dans la presse, adapté pour le théâtre par l’auteur en 1849, avant la sortie d’une compilation des textes en 1851. La Bohème (1896), l’opéra de Giacomo Puccini en est inspiré.
Dans ces écrits, la vraie bohème devient le monde des artistes, pauvres mais ambitieux, vivant ainsi volontairement mais de façon transitoire. C’est une vision poétique d’une situation parfois proche du désespoir. Cette bohème a une fin, idéalement dans la réussite, quelquefois dans la mort.
La bohème se définit alors comme un creuset pour les arts, et Paris en devient le centre névralgique.
Ce Paris du tournant du siècle, ses quartiers miséreux, ses façades décaties et ses venelles, à l’aube, vidées de ses habitants, ont été photographiés sous tous les angles par Eugène Atget (1857-1957).
Dans le Quartier latin et à Montmartre, au Moulin de la Galette et dans les gargotes alentour, l’alcool et l’absinthe coulent à flots.
On y croise nombre d’artistes. Des peintres comme Edgar Degas (1834-1917), Paul Signac (1863-1935), Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) saisissent ces instantanés de convivialité. Ils peignent les lieux et croquent les portraits des artistes qui se produisent sur scène et des peintres, poètes et écrivains qui fréquentent les lieux.
Parmi eux Verlaine(1844-1896) et Rimbaud (1854-1891), l’homme aux semelles de vent qui écrit "Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,…" dans son poème Sensation (1870).
Sensation
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue,
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irais loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la nature, heureux comme avec une femme.
Arthur Rimbaud
Et puis l’horizon de la bohème s’assombrit encore.
Nous sommes vers la fin des années 20. L’exposition s’achève par une galerie de portraits peints par Otto Mueller (1874-1930), extraits de Album tsigane, présentés à l’exposition au titre prémonitoire, Art Dégénéré, à Munich en 1937 dans laquelle les artistes pour la simple raison qu'ils s’intéressaient aux Tsiganes, sont mis à l’index.
En 1942 débutera le génocide des Tsiganes, une des communautés condamnées à mort par le régime nazi.
•> informations pratiques sur l'exposition
Photo ci-dessous : Intérieur d'atelier (1845) - Octave Tassaert (1800-1874)
Huile sur toile, 46 x 38 cm - Paris, Musée du Louvre
© RMN (Musée du Louvres) / Jean-Gilles Berizzi.
Ce Paris du tournant du siècle, ses quartiers miséreux, ses façades décaties et ses venelles, à l’aube, vidées de ses habitants, ont été photographiés sous tous les angles par Eugène Atget (1857-1957).
Dans le Quartier latin et à Montmartre, au Moulin de la Galette et dans les gargotes alentour, l’alcool et l’absinthe coulent à flots.
On y croise nombre d’artistes. Des peintres comme Edgar Degas (1834-1917), Paul Signac (1863-1935), Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) saisissent ces instantanés de convivialité. Ils peignent les lieux et croquent les portraits des artistes qui se produisent sur scène et des peintres, poètes et écrivains qui fréquentent les lieux.
Parmi eux Verlaine(1844-1896) et Rimbaud (1854-1891), l’homme aux semelles de vent qui écrit "Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,…" dans son poème Sensation (1870).
Sensation
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue,
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irais loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la nature, heureux comme avec une femme.
Arthur Rimbaud
Et puis l’horizon de la bohème s’assombrit encore.
Nous sommes vers la fin des années 20. L’exposition s’achève par une galerie de portraits peints par Otto Mueller (1874-1930), extraits de Album tsigane, présentés à l’exposition au titre prémonitoire, Art Dégénéré, à Munich en 1937 dans laquelle les artistes pour la simple raison qu'ils s’intéressaient aux Tsiganes, sont mis à l’index.
En 1942 débutera le génocide des Tsiganes, une des communautés condamnées à mort par le régime nazi.
•> informations pratiques sur l'exposition
Photo ci-dessous : Intérieur d'atelier (1845) - Octave Tassaert (1800-1874)
Huile sur toile, 46 x 38 cm - Paris, Musée du Louvre
© RMN (Musée du Louvres) / Jean-Gilles Berizzi.